Matériaux de démolition



Les bétons de démolition utilisables en technique routière peuvent provenir de 3 origines : la route elle-même (démolition ou fraisage de chaussées béton, peu répandues en France), la démolition de bâtiments, la démolition d’équipements (ouvrages d’art, poteaux…). Ce sont des «déchets inertes » vis à vis de la mise en décharge (arrêté du 28 octobre 2010).

Ce document traite des matériaux de type bétons de démolition, c’est à dire des matériaux « blancs » qui sont recyclés. Ces matériaux sont constitués de granulats obtenus par concassage de matériaux de déconstruction, soit de matériaux traités aux liants hydrauliques et de béton. Ces derniers peuvent provenir de bâtiments ou d’ouvrages de génie civil. Les matériaux bitumineux fraisés quant à eux sont abordés dans une autre rubrique (cf agrégats d’enrobés).

Différentes stratégies et techniques de démolition sont appliquées sur le terrain. Celles-ci passent généralement par une décontamination préalable (retrait de l’amiante et des peintures au plomb le cas échéant), puis un curage (retrait des éléments du second œuvre) avant abattage de la structure. Selon l’ampleur du curage un tri ultérieur au sol peut également avoir lieu afin principalement, dans le cas de structures béton, d’améliorer la qualité des futurs granulats de bétons, par retrait de matériaux tels que le bois, les métaux ou le plâtre. Les bétons peuvent être concassés sur place ou être envoyés vers des plates-formes de traitement (après transit éventuel sur plate-forme de regroupement) où ils sont concassés, criblés et déferraillés, plus rarement lavés. On obtient en bout de chaîne une gamme de matériaux adaptés aux usages locaux : des matériaux de précriblage, des graves non calibrées, des graves 0/D ou des fractions granulaires calibrées. Seules les deux dernières catégories peuvent être utilisées en assise de chaussée (traitées ou non aux liants hydrauliques), les deux premières étant réservées aux emplois en remblai ou en plate-forme.

La détermination des caractéristiques d’usage des bétons recyclés est couverte par les normes en vigueur, tant pour un usage en terrassement qu’en assises routières. Trois guides régionaux en définissent des règles d’usage (Ile de France, Haute-Normandie et Rhône-Alpes, Centre, Bourgogne, Lorraine, La Réunion). Les caractéristiques géotechniques des matériaux blancs recyclés conduisent à leur classification en catégorie F7 selon la norme NF P 11 300 (utilisation en terrassement), et en catégorie E, D ou C selon la norme granulats NF P 18-545. La valeur de bleu et la teneur en sulfates doivent être notamment surveillées, suivant les usages prévus, afin d’éviter l’apparition de gonflements. La mise en œuvre doit en outre tenir compte des coefficients d’absorption d’eau élevés, et du caractère frottant et fragile des granulats recyclés.

La destination principale des bétons recyclés est la technique routière (route, voiries, parkings, etc.). Du point de vue environnemental, la littérature internationale a fait l’objet depuis 2005 de plusieurs études portant sur leur comportement environnemental notamment à la lixiviation, qui peut se traduire, selon leur composition chimique et leur type d’emploi, par des relargages de sulfates et/ou par une légère alcalinisation du milieu. Dans le cadre de l’élaboration du guide d’application aux matériaux de déconstruction du BTP du guide SETRA « Acceptabilité de matériaux alternatifs en technique routière », 2 études de caractérisation de matériaux ont été lancées en 2010 et 2011. Cela a permis déterminer les caractéristiques de relargage et de contenu en certains composés organiques de ce gisement, dont les bétons de démolition, et le référentiel environnemental de mise en œuvre de ces matériaux recyclés en technique routière.

Le concassage des bétons usagés pour leur recyclage dans les travaux de génie civil émet aussi certains polluants dans l’air (poussières), le processus de concassage étant proche de celui d’un matériau de carrière. La mise en perspective de ces aspects (fin de vie ou recyclage) peut s’effectuer dans le cadre de l’Analyse de cycle de vie  sous l’angle des impacts potentiels générés. Afin de prendre en compte le développement durable dans le secteur de la construction,  des efforts doivent également être réalisés à l’échelle des matériaux constitutifs et de leur élaboration.  En matière de bétons, quelques travaux existent sur l’Analyse de Cycle de Vie et notamment des données environnementales d’ICV (inventaires de cycle de vie)  ont été produites par la profession. Concernant les granulats alternatifs, les  calculs d’impacts réalisés et publiés prennent en compte leur mode d’élaboration sur les installations de recyclage sans comptabiliser la production de ciment ou granulats d’origine.
Des données d’ICV des bétons recyclés sont disponibles aujourd’hui pour effectuer des ACV de l’utilisation de bétons dans des ouvrages.

Matériaux de démolition d'une chaussée béton (source IFSTTAR