Chantiers (Emploi répertoriés)

1 – Réalisations en France

Les mâchefers d’incinération d’ordures ménagères ont été utilisés de longue date pour des travaux routiers, bien avant 1994 (réglementation sur leur utilisation) et 1991 (définition des MIOM). Par exemple, deux cent chantiers ont été réalisés de 1964 à 1972 en région parisienne avec des mâchefers provenant des usines d’Issy-les-Moulineaux, Saint-Ouen et Ivry-sur-Seine (Bauchard, 1979). Toutefois, d’une manière générale, bien souvent les traces de la localisation et des caractéristiques des ouvrages les plus anciens ont disparu. Le GTIF présente une liste relativement fournie d’ouvrages postérieurs à 1989 dans lesquels les mâchefers ont été utilisés en remblais, couches de forme ou d’assises, sous forme de GNT ou traités au liant hydraulique ou hydrocarboné. Certains de ces exemples sont présentés ici, complétés par ceux d’autres réalisations représentatives en province.

2 – Retour d’expérience

Peu d’ouvrages routiers contenant des MIOM ont fait l’objet d’un suivi ou d’une auscultation approfondie permettant de tirer des enseignements de l’évolution du matériau en place à plus ou moins long terme. Ces ouvrages sont soit des chaussées classiques, ne se distinguant pas dans la construction ni dans l’usage des ouvrages habituels, soit des chaussées expérimentales dont la technique de construction (aux fins de l’étude) et l’usage (notamment en termes de trafic), peuvent avoir été sensiblement différents. Par ailleurs, les durées de vie et d’observation de ces ouvrages peuvent être significativement différentes.

Ces études ont fait l’objet de publications :

  • Adam P., Dony Y. & Vincot Y., 1996. Valorisation des mâchefers d’incinération en technique routière, évaluation de leur comportement en condition réelle d’utilisation, Déchets Sciences et Techniques n° 4, pp. 11-14.
  • Bartet B. & Drouadaine I., 2001. Valorisation des MIOM en technique routière : suivi environnemental de produits routiers à base de MIOM sur chaussées tests, Colloque MIOM 2001, actes, Orléans, 16-18 octobre 2001, BRGM.
  • Drouadaine I., Seigneurie C. & Jozon C., 1997. Etude de l’impact environnemental de la valorisation des mâchefers d’incinération en technique routière, TSM n°10, Octobre, pp. 48-54.
  • François D., Legret M., Demare D., Fraquet P. & Berga P., 2000. Comportement mécanique et environnemental de deux chaussées anciennes réalisées avec des mâchefers d’incinération d’ordures ménagères, Bulletin de liaison des Laboratoires des Ponts et Chaussées n° 227, pp. 15-30.
  • François D., 2001c. Retour d’expérience en construction routière : évaluation du comportement environnemental et mécanique de MIOM dans des chaussées sous trafic, Colloque MIOM 2001, actes, Orléans, 16-18 octobre 2001, BRGM.
  • Paris I., Hubscher V. & Leroy M.J.F., 1997. Etude du comportement de mâchefers de DIS utilisés en technique routière, comparaison avec des mâchefers d’OM, TSM n° 4, avril, pp. 27-34
  • Silvestre P. & Rampignon J.-P., 1995. Valorisation en structure routière du mâchefer d’incinération d’ordures ménagères de l’usine de Lyon-Sud, TSM n° 5, mai, pp. 427-430.


Il existe actuellement très peu de chantiers expérimentaux en France faisant l’objet d’un suivi mécanique et/ou environnemental, par rapport à ceux suivis dans les années 90.
3 – Utilisation à l’étranger

L’utilisation des MIOM à l’étranger est guidée comme en France par la coexistence de deux objectifs : la préservation des gisements de granulats naturels, et la volonté d’optimiser le recyclage des matériaux pour limiter la mise en décharge. En outre, l’utilisation des MIOM permet de réduire le coût lié à l’incinération des ordures ménagères. Ainsi, la valorisation des MIOM est-elle principalement induite par la volonté politique. C’est le cas au Danemark, aux Pays-Bas et en Allemagne (dans certains Länder) (Méhu & Orphelin, 2001).

Au Danemark, les MIOM sont utilisés depuis 1974 (couches de fondation, pistes cyclables, parkings), mais les premières exigences environnementales ne datent que de 1983. Les recommandations techniques pour l’emploi en couche de fondation datent de 1989 (Pihl et al., 1989). De nouveaux critères environnementaux sont en cours de préparation.
Aux Pays-Bas, l’utilisation des MIOM, comme de tout matériau de construction, est prise en compte dans le « Building Material Decree » depuis 1999, d’une part, et doit répondre aux mesures de protection du « Soil Protection Act » de 1987 d’autre part. De fait, moyennant ces règles de protection des sols et des eaux souterraines, l’objectif est de réutiliser la totalité des MIOM (Méhu & Orphelin, 2001).
En Allemagne, en 1991, 60% des MIOM étaient utilisés (Krass & Radenberg, 1994). Disposant d’un guide technique d’utilisation depuis 1983, l’Allemagne a  promulgué en 1994 une loi (« LAGA ») incitant à la réutilisation de tous les résidus et mettant particulièrement l’accent sur les MIOM.
En Suède, bien qu’autorisée, l’utilisation des MIOM reste très marginale. Il n’y existe ni réglementation ni référentiel technique traitant particulièrement des MIOM (IAWG, 1997). Toutefois la Suède mène des études pour la réutilisation des MIOM en construction routière (Méhu & Orphelin, 2001).
Le Royaume-Uni qui a longtemps privilégié la mise en décharge des MIOM, commence à s’intéresser à leur réutilisation.
D’autres pays, bien que ne les utilisant pas, mènent néanmoins des études en ce sens : Autriche (programme Alt-Mat), Portugal (programme Valomat).

A l’extérieur de l’Europe, on peut mentionner le Japon, qui bien qu’ayant largement recours à l’incinération des ordures ménagères (en 1991, la production de MIOM et REFIOM représentait 5,9 millions de tonnes), n’utilise pas les MIOM (IAWG, 1997). Aux Etats-Unis, la mise en décharge des ordures ménagères reste la règle; seuls quelques Etats de la côte Est confrontés à des problèmes d’espace et ayant recours à l’incinération font exception et s’intéressent à la réutilisation des MIOM, sans disposer pour autant de référentiel technique spécifique.